une brique dans le mur

Durant son adolescence, et même avant, mon fils autiste avait la manie de fuguer. Il fallait que la porte d 'entrée soit toujours fermée à clé, sinon mon fils pouvait faire plus de10 km à pied en pleine nuit pour aller là où il veut. La police me l'a ramené parfois en pleine nuit.Une fois qu'il était entré dans une maison par effraction,le policier voyant que ce n'était pas sa première fugue,me proposa pour la première fois le GPS.

Il m'est arrivé de voir dans la rue des mères promenant leur enfant avec des harnais tels des chiens. De prime abord je fut choquée par ce tableau,mais en prenant du recul, je me suis demandée si l'utilité pratique de ces « laisses » pour enfants,était supérieur à l'aspect éthique, ou pouvait justifier que cet aspect soit mis de côté.

Dans ce nouvel ordre mondial, où l'on est proche de « pucer » les êtres humains, parler d'éthique alors que les privations de liberté sont de plus en plus mises en avant pour justifier la sécurité, devient presqu'un paradoxe.

Par principe on devrait s'attaquer à la base ; pourquoi mettre son chien en laisse puisqu'une fois bien dressé il vous suit au pied ? Parce que cela prend du temps,des efforts et de la patience. Il en va de même avec les petits bouts de chou qui apprennent à marcher, l'utilisation du harnais permet à la mère de minimiser ses efforts auprès de son enfant. De même la poussette facilite le transport du bébé. Prendre soin d'un autiste n'est pas une vocation ni même une passion,c'est, pour les parents, un devoir d'amour. Cependant il ne faut pas se leurrer,c'est aussi un fardeau. Aujourd'hui,il faut reconnaître que le progrès nous fait accroire des facilités de vie par toutes ses inventions. Mais, est-ce la vérité ? Dans certaines parties du monde,les mères portent toujours sur elles leur bébé.

L'allaitement est revenu à la mode,n'en déplaise à certain/es puristes.

Il semble que les choses les plus simples, soient les meilleures, et qu'à force de se décharger de nos responsabilités de parents avec des gadgets chers, nous passions à côté du sensoriel.

Le sociologue suisse Jean Ziegler nous parle de cette spiritualité absente chez les occidentaux, encore très présente chez les africains ; qu'elles en sont les causes ? Les relations que nous entretenons avec nos enfants marquent ce qu'ils seront plus tard à tous niveau. Si nous leur apprenons la solitude en les faisant dormir seuls dans une chambre à part, dans un lit à part, s'ils ne ressentent pas de contact physique avec leur parents parce qu'on les enveloppe dans trop de vêtements, on les promène dans des poussettes, on les fait manger dans une chaise haute, il ne faut pas s'étonner de constater qu'une fois adulte le fait de voir leurs parents seuls ne leur fait rien.

Les autistes ce n'est que le cas extrême de cette démonstration. On se sent très vite dépassés, on ne se croit pas capable de pourvoir à l'éducation d'un tel être. Et pourquoi? Parce qu'il existe dans cette nouvelle société des alternatives. J'entends souvent certains parents d'autistes dire : « on n'a pas le choix ». C'est faux ! C'est justement parce que vous avez le choix que vous avez tendance à baisser les bras. Du style : il existe des centres pour eux, des médicaments pour les calmer. Ces "facilités" sont utiles mais en abuser devient de la paresse qui rejaillit sur l'autiste.Mon jugement peut vous paraître sévère, toutefois, si on oublie le sensoriel et le spirituel dans l'éducation de nos autistes, comme des autres enfants, nous allons alors vers une société mécanisée exemprte de toute compréhension.  Le sort de certains autistes de pays pauvres n'est pas enviable, et on peut s'émouvoir de voir que rien ni personne ne peut les aider ; quand est-il des aides apportéesaux pauvres des pays occidentaux, en plein cœur de la civilisation ?

Si beaucoup de parents décident de garder leur autiste avec eux c'est que rien n'a été prévu pour lui. Autrefois il y avait la camisole de force, elle a été remplacée par la camisole chimique ; de même qu'on a coupé les cordes vocales des animaux de laboratoire, pour ne plus entendre leur cris de souffrance, on ne permet plus aux autistes de montrer leur souffrance. En fait, il faut juste sauver les apparences. Ce n'est pas parce qu'un autiste ne montre pas d'émotion qu'il n'en a pas. Le niveau de patience dont il faut faire montre envers les autistes est tel, que peu y parviennent, et je ne les en blâme pas. La société n'aide pas ; quand les policiers vous ramènent votre fugueur vous avez droit à la leçon de moral, aux remontrances et autres avertissements dans le meilleur des cas. Dans le pire des cas, on appelle les urgence psychiatriques qui internent de force votre autiste. Tout cela parce que les pompiers, policiers, ne sont pas formés à être confrontés aux autistes. À tel point qu'aux États-Unis on tire sur les autistes en crise.

Étant mère d'un autiste lourd, je sais trop ce qu'il faut subir, mais je sais aussi ce que nos autistes nous apportent. Ils nous révèlent à nous-même. Tous les parents d'autiste cherchent du secours, mais aucun n'a songé à nous unir pour faire pour nos autistes un monde meilleur. Dans lequel il ne serait pas utile de les tracer à coup de gps, pour avoir un peu de tranquillité.

Alors que dire de cet outil ? Gadget ou aide nécessaire ? Je dois avouer être encore partagée sur la question. Car si je reste indignée par le manque d'éthique que cela représente, je dois dire que dans certaines situations, l'éthique devient éthérée. Là où je vis je ne risque pas grand chose quand la police me ramenait mon fils, et bien souvent c'étaient les voisins qui allaient le chercher pour moi. Mais dans d'autres pays, le risque est bien plus important et là, la question ne se pose plus : le gps est très utile. Il faut voir que les parents doivent penser à fermer leur porte à clé tout le temps. Un seul oubli peut coûter cher. L'autiste peut aussi passer par la fenêtre, le balcon ou la terrasse.

On peut penser qu'autrefois on mettait au jardinier, qui œuvrait dans les couvents, une clochette au pied afin que les sœurs ne le croisent pas. Au fait que les centres pour autistes soient construits loin des villes et des habitations. Vos peurs emprisonnent les autistes aussi sûrement que les barreaux d'une prison. C'est pourquoi le GPS devient presqu'une nécessité dans ce monde .

Alors les parents désemparés doivent recourir à ce genre de méthodes (GPS) pour ne pas déranger les autres, ou risquer la vie de leur autiste. Car la ville est un piège permanent pour les autistes, et aucune « méthode » ne leur apprend comment simplement traverser la rue ».

Prochainement sur notr blog, un entretien avec les commerciaux de Mediwalk, pour en savoir plus sur le GPS  et ses bienfaits pour nos autistes.